Une usine prête à l’emploi signée Cical Synergies
30 octobre 2020Cabinets d’ingénierie : de bonnes perspectives pour 2021
9 avril 2021HAUTS-DE-FRANCE La maison familiale de champagne a entamé un gros chantier de modernisation de son site historique d’Epernay, moyennant
40 millions d’euros d’investissements.
Un chantier aussi complexe que nécessaire. C’est ce que conduit actuellement la maison de champagne Pol Roger en investissant quelque 40 millions d’euros pour réaménager et agrandir son site historique, situé en plein cœur d’Epernay (Marne). En partie bâti dans les années 1960, celui-là était jugé trop exigu pour repenser l’organisation de la production (de l’habillage aux expéditions) ainsi que – et surtout les opérations de dégorgement. Cette étape, cruciale dans le cycle du vin, consiste à éliminer le dépôt naturel formé à l’intérieur des bouteilles: elle exige de ce fait des capacités de stockage importantes. La construction d’un nouveau bâtiment de 18.000 m2 sur quatre niveaux va permettre à Pol Roger de doubler ses surfaces disponibles, pour atteindre le million de bouteilles en attente de dégorgement. Le chantier, dont les plans ont été confiés à l’architecte rémois Eric Pace et la réalisation aux sociétés Cical Synergies et KS groupe, a demandé deux longues années de préparation.
Un terrain fragile
Il était tout d’abord impératif que le bâtiment, soumis à l’aval de l’architecte des Bâtiments de France, s’intègre dans le patrimoine existant (non loin de la célèbre tour de la maison de Castellane et de l’avenue de Champagne, classée au patrimoine mondial de !’Unesco), puis que la construction de l’ensemble prenne en compte le fait qu’elle avait lieu sur un terrain fragile. Ancrer l’édifice dans le sous-sol calcaire de la Marne, parcouru, en outre par des réseaux de galeries souterraines, aura ainsi nécessité le forage de 250 pieux à 30 mètres de profondeur.
Par le passé, Pol Roger a déjà payé au prix fort les caprices du sous-sol champenois. En 1900, son terrain s’était effondré, entraînant l’écroulement d’une partie des installations et l’enfouissement de 500 fûts ainsi que d’un million et demi de bouteilles : une catastrophe dont la mémoire est d’autant plus vive que le chantier a permis de mettre au jour plusieurs dizaines de ce mêmes bouteilles (lesquelles dataient des années 1890 !), en parfait état de conservation !
« Rester fidèle au site »
« Cela aurait sans doute été plus simple de créer un autre site en périphérie, mais nous tenions à rester fidèles au site et à assurer sur place toutes les opérations», insiste Laurent d’Harcourt, président du directoire de Pol Roger. Avec ce chantier, qui vient conforter les importants investissements menés il y a plusieurs années pour moderniser la cuverie, la maison familiale se dit armée pour « plusieurs décennies ».
Pol Roger avait en 2019 atteint le niveau historique d’l,85 million de bouteilles commercialisées, et ce dans près de 90 pays. La marque, peu présente sur les secteurs les plus touchés par la crise sanitaire (duty free, compagnies aériennes, restauration), s’attend à encaisser le choc sans trop de difficulté. « Nous anticipons une diminution de 10 % de l’activité seulement», note Laurent d’Harcourt, qui ne communique pas le chiffre d’affaires.
Source : Guillaume ROUSSANGE